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Projet d'enquête sur les communautés politiques (PCSP)

Les objectifs du projet d'enquête sur les communautés politiques (PCSP) étaient de concevoir une nouvelle enquête qui permettrait d'offrir un point de vue alternatif et plus riche que celui généralement présenté dans la littérature. Une enquête qui contribuerait à approfondir notre compréhension théorique en intégrant les complexités contextuelles potentielles, telles qu'un mélange plus large d'objets et de sous-objets politiques, ainsi qu'un moyen d'identifier une diversité de perspectives. Un projet qui intégrait de manière plus adéquate et contribuait à tester de manière plus rigoureuse le champ croissant des possibilités explicatives concurrentes qui sont désormais discutées dans la littérature spécialisée. Et un projet qui permettait d'explorer, à l'aide d'analyses plus empiriques, les liens possibles entre l'ensemble des soutiens politiques, des objets politiques les plus spécifiques (tels que les différentes autorités et institutions politiques) aux plus diffus (tels que la démocratie en tant que mode de gouvernement et ses différents principes, ou la communauté politique de manière plus générale).

Le cheminement vers l'élaboration et la mise en œuvre d'un tel instrument d'enquête n'a pas été facile. Il a fallu passer en revue une quantité considérable de littérature sur le soutien politique et examiner l'ensemble des enquêtes menées jusqu'à présent afin d'établir un inventaire plus complet des types de concepts et d'indicateurs avec lesquels nous avons travaillé dans le passé et des types de données que nous avons collectées et analysées.

L'équipe du PCSP s'est attelée à la tâche très minutieuse de combler les lacunes entre ce que la littérature nous incitait à vouloir étudier et ce que le matériel d'enquête disponible ne nous permettait pas encore d'explorer. De plus, nous avons commencé à élargir considérablement le champ des indicateurs plausibles qui étaient théoriquement pertinents, mais qui n'avaient pas encore été développés ou n'étaient pas encore disponibles pour analyse, car il n'existait pas d'enquêtes approfondies et plus spécialisées dans des contextes démocratiques particuliers. Nous avons donc commencé à concevoir, tester et retester une série de questions d'enquête jamais utilisées auparavant qui nous aideraient à combler les différentes lacunes qui existaient entre ce que nous souhaitions analyser plus en profondeur dans le contexte canadien et ce qui avait déjà été fait à l'échelle mondiale.

Nos deux premières études pilotes ont consisté à tester notre nouvel outil d'enquête dans le cadre du volet québécois du Projet comparatif sur les élections provinciales (CPEP), un projet d'enquête mené en ligne (Wesley et al. 2015). Mebs Kanji a été invité à diriger les enquêtes CPEP menées au Québec après les élections provinciales de 2012 et 2014, et il a obtenu le financement nécessaire pour les réaliser. Cela nous a donc donné au moins deux occasions viables de tester la validité et la fiabilité de nos nouvelles mesures en intégrant nos questions d'enquête à un projet d'enquête plus vaste et, à l'époque, mieux établi, avant de déployer notre outil d'enquête à l'échelle nationale. Tout au long de ce processus, nous avons également analysé et documenté nos résultats préliminaires (dans la mesure du possible) au fur et à mesure qu'ils apparaissaient, et nous avons présenté nos résultats dans divers médias afin d'obtenir des commentaires précieux. (Kanji et Tannahill 2013 ; 2014 ; Kanji, Tannahill et Hopkins 2015 ; Tannahill et Kanji 2016 ; Kanji et Tannahill 2017, ceux-ci ont également été présentés lors d'une série de conférences entre 2012 et 2023) et des suggestions que nous avons examinées et intégrées au fur et à mesure de nos progrès.

Ces cycles répétitifs de conception et de refonte, de tests et de nouveaux tests ont nécessité de multiples itérations et plusieurs années avant que nous soyons certains que les différentes nouvelles mesures que nous avions conçues étaient effectivement valides et fiables, et qu'elles méritaient d'être mises en œuvre à plus grande échelle en termes d'interprétation par les répondants, de variation capturée et de résultats fournis.

De plus, nous avons dû trouver des partenaires financiers en cours de route pour rendre possible un projet d'enquête à si grande échelle. Notre questionnaire final comportait plus de 800 variables différentes et prenait environ une heure à remplir à chaque session, dont il y avait deux : la vague 1 et la vague 2. Finalement, le financement a été obtenu grâce à des partenaires tels que Elections BC, le Centre for the Study of Democratic Citizenship et le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, et nous étions enfin prêts à nous lancer.

Chacune de nos enquêtes sur les communautés politiques (vagues 1 et 2) a été menée dans toutes les provinces du Canada en 2017. Chaque enquête a été traduite et diffusée en ligne à un échantillon aléatoire de Canadiens, en français ou en anglais selon la langue préférée du répondant, et a été réalisée par Abacus Data, une importante société d'études de marché et de recherche politique située à Ottawa, au Canada.

Les répondants invités à participer à nos enquêtes, que ce soit dans le cadre du CPEP ou du projet d'enquête sur les communautés politiques de 2017 (PCSP), étaient tous des citoyens canadiens, en âge de voter et résidant dans leur province d'origine depuis au moins six mois. Nous avons procédé ainsi afin de nous assurer que les personnes interrogées étaient toutes des adultes et qu'elles étaient bien ancrées dans leur contexte actuel. De plus, tous les répondants qui ont répondu à nos enquêtes (2012, n = 1 288, Québec uniquement ; 2014, n = 1 544, Québec uniquement ; 2017, n = 5 651, ensemble du Canada) ont été recrutés pour participer par le biais d'un panel représentatif de plus de 500 000 Canadiens coordonné par Abacus avec ses partenaires fournisseurs d'échantillons. Sur la base des enseignements tirés de l'analyse de chacune de ces trois séries de données, nous sommes maintenant passés à la phase suivante du PCSP. Dans cette nouvelle phase, nous utilisons des instruments nouveaux et révisés, couvrant une partie plus large de la population avec des antécédents différents et un ensemble élargi de questions qui approfondissent encore davantage les connaissances acquises jusqu'à présent.

 

Grâce à une nouvelle collaboration avec des chercheurs de trois autres pays, les États-Unis, la Grande-Bretagne et la Pologne, cette nouvelle phase élargit également son champ d'action pour inclure des systèmes politiques autres que celui du Canada. Ceci est rendu possible grâce au financement accordé à quatre équipes nationales par la Plateforme transatlantique pour les sciences sociales et humaines (T-AP), voir https://www.transatlanticplatform.com/rrr-awards/. Un financement a été accordé au projet « Exploring the role of Adaptive Capacity on Democratic Performance » (ERAC-DP) afin de mener des recherches sur les capacités d'adaptation des organisations communautaires au cours de la pandémie. Des questions pertinentes ont donc été intégrées aux enquêtes du PCSP, ce qui a permis à chaque équipe nationale d'établir une base de référence et un point de comparaison pour ce que la population générale de chaque pays a vécu pendant la pandémie. Plus précisément, ce nouveau projet comprenait des entretiens approfondis menés dans des organisations de la société civile dans quatre grandes régions métropolitaines au Canada, aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Pologne. Il comprenait également la réalisation d'une enquête PCSP auprès de la population générale (avec de nouvelles questions sur la capacité d'adaptation et liées à la COVID) dans chacun des quatre pays. Les enquêtes ont été traduites et réalisées en trois langues (anglais, français et polonais). L'échantillon total recueilli lors de cette première vague transnationale (2023-2024) comprend plus de 9 600 répondants (Canada n = 2 427 ; États-Unis n = 2 471 ; Royaume-Uni n = 2 433 ; Pologne n = 2 501) recueillis en deux vagues distinctes (environ 1 200 répondants distincts par vague). Ces enquêtes ont été coordonnées par le KiND Institute et diffusées par l'intermédiaire de leurs partenaires fournisseurs d'échantillons.

Ces nouvelles vagues de l'enquête PCSP, menées en 2023-2024 et qui reprendront sur le terrain en 2025, remédient aux limites que nous avons identifiées jusqu'à présent en termes de portée substantielle de nos questionnaires précédents, en incluant davantage de variables qui approfondissent la question de la performance en tant que facteur le plus significatif du soutien politique. Il s'agit notamment de questions qui explorent les orientations vers davantage d'aspects de la démocratie (tant en termes de ce que la démocratie offre dans la pratique que de ce que le public pense que leurs démocraties devraient offrir), d'évaluations d'un plus grand nombre d'objets au sein du système politique (y compris un éventail plus large d'autorités, tant politiques que non politiques), d'un plus grand nombre d'aspects des expériences vécues par les citoyens (y compris les expériences directes avec divers avantages et services gouvernementaux) et d'un champ plus large d'effets des politiques et de perceptions des résultats du système. Elle approfondira également les conséquences potentielles du soutien politique que nous n'avons pas encore pu examiner en détail et qui sont rarement explorées dans le contexte du soutien politique. Ces conséquences comprennent, par exemple, le degré et la variation du respect des règles politiques, la participation à diverses activités politiques (traditionnelles et non traditionnelles), les demandes de changement politique (telles que la réforme du système, des institutions et de la société), ainsi que la cohésion sociale. La nouvelle vague d'enquêtes explore également la perception qu'ont les citoyens de la capacité du système à s'adapter à des situations variables. Ce dernier élément, la capacité d'adaptation, promet d'être particulièrement fructueux et, d'après nos conclusions à ce jour sur les principales préoccupations concernant les performances, extrêmement nécessaire.

Bien que nous estimions que les entretiens et les enquêtes nous permettent de tirer des conclusions sur les mesures à prendre, si nous n'évaluons pas également la capacité du système à répondre à ces besoins, les solutions que nous proposons risquent de ne jamais voir le jour. En effet, avant même de proposer des solutions, il convient de mieux comprendre les capacités et les limites de ces capacités.

Il suffit de regarder le système de santé de nombreux pays au cours de la pandémie pour trouver des exemples parfaits de solutions totalement inefficaces en raison d'un manque de capacité. Ainsi, au cours des prochaines phases du projet PCS, nous mènerons également des entretiens avec des élites politiques (y compris des représentants élus à tous les niveaux du gouvernement) afin de déterminer, sur la base de leur point de vue privilégié en tant que dirigeants, les domaines dans lesquels notre système a la capacité de répondre aux besoins de la société et ceux dans lesquels il présente des lacunes. En élargissant ainsi la portée du projet PCS, nous pourrons commencer à combler le fossé qui existe entre les citoyens et les élites politiques qui les gouvernent. Une fois encore, notre objectif est de mener cette collecte de données dans les quatre pays participant à notre nouvelle collaboration internationale.

Enfin, outre les élites politiques, nous élargirons également la portée de cette recherche et notre compréhension des demandes sociétales sur le terrain et de l'impact direct des résultats du système politique. La première étape pour acquérir une compréhension plus large des défis auxquels sont confrontées les populations vulnérables (et de leurs demandes potentiellement différentes envers le système politique) consistera à interroger les personnes qui servent ces populations.

Pour ce faire, toujours en collaboration avec nos partenaires internationaux, nous diffuserons des enquêtes auprès des dirigeants d'organisations de la société civile afin de déterminer leur point de vue sur les avantages produits par notre système politique, la manière dont il répond aux demandes des plus vulnérables et son adaptation aux demandes en période de crise réelle (c'est-à-dire la pandémie). Les résultats de ces enquêtes permettront non seulement de mieux comprendre la capacité des gouvernements à répondre aux besoins de ces groupes, mais aussi la capacité des organisations elles-mêmes (en tant que prolongement du filet de sécurité sociale de la société) à répondre aux besoins et aux demandes de ces groupes vulnérables.

 

La phase suivante, qui est également financée et débutera en 2025-2026, consistera à recueillir directement les perceptions de ce segment de la population dans tous les pays, à la fois par le biais d'enquêtes en face à face et d'enquêtes en ligne. La collecte de données au cours de cette phase comprendra également des enquêtes auprès d'un large échantillon de membres de diverses organisations de la société civile, les membres les plus « vulnérables » de nos sociétés dans chacun des quatre pays démocratiques de part et d'autre de l'Atlantique, qui sont généralement exclus des grands sondages d'opinion publique ou d'autres formes d'études sur la population générale.

Texte extrait et adapté de « Democracy's Challenges », thèse de Kerry Lynne Tannahill | Traduction par Deepl

Ce projet a été soutenu en partie par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH) ainsi que par divers partenariats et collaborations.

© Mebs Kanji, Kerry Tannahill

Le projet « Bettering Democracy » s'appuie sur des recherches soutenues en partie par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada et le Fonds de recherche du Québec - Société et culture.

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